top of page

Myriam Blal - Content Creator

Discover the world through the eyes and taste of Myriam Blal, the culinary content creator with a passion for travel. Join my community to discover my gastronomic discoveries and travels around the globe.

WhatsApp Image 2023-08-01 at 18.24_edite

Du contenu authentique

ree

En montant l’escalier de marbre, la voix de Juliette Gréco se rapproche.


« Déshabillez moi, déshabillez moi, mais pas tout de suite, pas trop vite… »


Quelques marches le séparent encore de l’air enchanteur. Au détour d’un couloir, il débouche enfin sur une petite pièce embaumée : un boudoir.


Le lit est défait et une paire de mocassins noir ébène jonche le sol. Entre les effluves de mandarine, de bergamote, la fenêtre entrouverte qui fait gonfler les rideaux et le gramophone qui crachote tant bien que mal une mélodie de la fin des années soixante, la pièce semble n’attendre plus que lui.

Un coup d’œil vers la coiffeuse. Elle est là.


« Dévorez moi des yeux, mais avec retenue… »


Sa cascade de cheveux blonds fait ressortir la mousseline noire de la robe.


Un “X” soyeux enlace sa poitrine et souligne la courbe de ses reins.


D’un air de défi, elle laisse glisser le vêtement sur son corps à demi nu. Une brise de fleurs d’oranger s’échappe de ses sous-vêtements en dentelle.


Odeur virginale qui contraste avec la scène qui se déroule sous ses yeux.


« Voila, ça y est, je suis frémissante et offerte… »


Elle se penche pour souffler les quelques bougies qui illuminent la pièce. Dans un dernier courant d'air, des notes de vanille et d’iris nous reconduisent alors jusqu'à la porte. L’image se brouille et la porte se referme laissant aux amants l’intimité de leur rendez-vous secret.


-.-


ree

Le porte-bagage imprime sa marque sur mes muscles fessiers, mes mains nues s'accrochent au manteau de ma camarade de voyage et le vent du nord se faufile sous mon manteau. Nous prenons de la vitesse, ce qui empire le tout! Zürich défile sous mes yeux : Kreis 6, 10, 5, 4…


On descend le flanc du Zürichberg, la nuit est déjà bien installée et les noctambules ont pris possession des lieux.


Après une soirée dans une WG à l’architecture mystérieuse avec des cabinets au beau milieu de l’escalier, la suite du programme est tout aussi délirante.


Entre marche de santé et ballade à vélo, après nous être perdues plusieurs fois, nous arrivons enfin dans la Badenerstrasse, une des plus longues rues de la ville. Le spectacle qui nous y attend est des plus étranges. Le long d’un établissement aux vitres tintées se dessinent des courbes généreuses qui nous laissent deviner le genre de créatures qu’abritent le Pattaya. C’est pourtant bien la bonne adresse…


Apparemment cet ancien quartier rouge s'assagit au même titre que la Langstrasse, sa voisine. Lentement, les sex shops cèdent leur place à des kiosques et les cabarets comme celui qui nous fait face louent leurs antres à d’autres types de festivités.


En l’occurrence, ce soir, c’est le monde électro qui a pris possession des lieux.


Le contraste est surprenant. Dans un minuscule espace s’entasse des dizaines de personnes aux différents degrés d’alcoolémie. Du couple d’un soir titubant et qui s’amuse avec la barre de striptease aux trentenaires branchés qui sirotent une bière en tapant le rythme du pied, en passant par les danseurs déchaînés qui vibrent au son de la musique; et tout ce petit monde dans une ambiance pseudo thaïlandaise des années 70’ avec décors en osiers, plantes tropicales et abat-jours crochetés.


Finalement, comme c’est une soirée privée et qu’il serait dommage de ne pas pousser le trait rétro à son apogée, l’interdiction de fumer a été jetée aux oubliettes.


Ajoutez donc de gros nuages de fumée blanche sur le tableau et vous aurez une image très précise de mon jeudi soir… à savoir : embrumé !

-.-


ree

Le soleil commence à pointer le bout de son nez et éclaire déjà le coin de mon lit pour finir par me toucher en plein visage. Sa chaleur semble traverser tous les obstacles qui le séparent de moi.

Bien que la journée s’annonce belle, il est hors de question que je m’extirpe de mon nid des plus agréables. Mes idées commencent à se remettre en place, mais je n’ai pas encore la force d’ouvrir mes yeux à cette nouvelle journée déjà bien entamée.


C’est souvent à ce moment-là, entre la déception d’avoir été tirée d’un rêve féerique et le stress de la journée à venir, que la tête fait d’elle-même un petit check de la journée à venir. Quel jour sommes-nous ? Qu’est-ce que je dois faire? À quelle heure, on vit ? Tant de questions dont les réponses vous font bien souvent sauter d’un coup sec hors du lit et vous ruer dans la salle de bain !


On est vendredi ! Je suis toujours autant en panne d’inspiration et, bien sûr, ce soir, on boucle le prochain numéro ! Pas de temps à perdre, il faut que je m’active.


Dans la salle de bain, le pommeau de douche crachote ces dernières gouttes d’eau chaude, que déjà le lavabo fait office de coiffeuse. Crème de jour, fond de teint, poudre, blush, tout y passe. En route pour le dressing : jeans, Converses et haut rouge vif feront très bien l’affaire. Léger coup de peigne devant le miroir avant de s’emparer d’un petit flacon qui semble courber par le vent et sur lequel on a déposé un bourgeon de fleur. Quelques vaporisations bien placées et me voilà entourée d’un fin nuage d’odeur de violette et rose bulgare.


Une fois sur le bitume, une tache de couleur vive retient mon attention. Entre les pavés du trottoir, une petite fleur fragile a vu le jour. À peine entrouverte, un coquelicot s’est niché sur le millimètre de terre qui sépare les deux blocs de pierre. Malheureusement, elle n’embaume pas. Pas une once d’odeur, une fleur qui ne sent rien. Elle est comme amputée d’un de ses meilleurs pouvoirs.


“ … On ne me plante pas, on ne me choisit pas, je pousse. N'importe où, fleur fragile, fleur éparpillée. On me cueille et j'enchante, on me laisse et je m'épanouis. Je suis un coquelicot …”


Arrivée en parfumerie, je file directement devant la paroi Kenzo et bombarde le pauvre représentant de questions. Au fil de ses réponses, je suis ballottée entre Singapour, Milan et Hong-Kong et à chaque fois j’y vois une place couverte de milliers de coquelicots éclos. Finalement, j’arrive à Paris. Un Paris dont huit arrondissements ont été parsemés de fleurs.


Rue du Pont-Neuf. Un de ces grands immeubles au goût de nostalgie. Boutique aux vêtements ultras colorés et modernes. Réception épurée. Au quatrième étage, je découvre des salles aux noms et aux couleurs étranges. Des bulles à poil, des salles tapies d’or, chaque ligne de soin trouve ici un antre en son honneur. Tout est des plus design. Et au dernier étage, j’en ai le souffle coupé. Une impressionnante coupole de verre abrite un restaurant où l’Asie et ses traditions se mêlent à la modernité et le design occidental.


Assise dans ce cocon en verre, je sens la vanille et le musc qui ont imprégné mes vêtements et qui m’enveloppent. Les toits de Paris ne m’ont jamais paru aussi beaux et exotiques que vus d’ici. Dans ma main, se fane ce qu’il reste du coquelicot.


Une fleur sans odeur à qui on en a fabriqué une et qui trône maintenant comme un emblème partout

autour de moi. Un brin de naturel au milieu du béton et des gratte-ciels des quatre coins du monde. Un alizé floral entre les pots d’échappement et les odeurs citadines.

Simplement une fleur dans la ville.

-.-

  • Instagram - White Circle
  • Twitter - White Circle

© 2023 by The Food Feed. Proudly created with Wix.com

bottom of page